Les fungines, également appelées échinocandines, sont une classe d’antifongiques administrés par voie intraveineuse, utilisés pour traiter des infections fongiques systémiques graves. Les échinocandines sont relativement récentes et se sont imposées comme un traitement efficace pour des infections fongiques telles que la candidose invasive et l’aspergillose. Cet article explore l’histoire des échinocandines, leur mécanisme d’action, leurs utilisations médicales, ainsi que leurs avantages et limitations.
L’Histoire des Échinocandines
Les échinocandines ont été introduites au début des années 2000, après des décennies de recherche pour développer des antifongiques capables de traiter efficacement les infections graves tout en ayant une toxicité réduite par rapport à d’autres antifongiques disponibles, tels que l’amphotéricine B. Les premiers antifongiques de cette classe à être approuvés incluent la caspofungine, suivie par la micafungine et l’anidulafungine.
Les échinocandines ont rapidement été adoptées dans les hôpitaux pour le traitement des infections invasives, en particulier chez les patients immunodéprimés, en raison de leur efficacité et de leur profil d’innocuité favorable par rapport aux antifongiques plus anciens.
Mécanisme d’Action des Échinocandines
Les échinocandines agissent en inhibant la synthèse de la paroi cellulaire des champignons. Plus précisément, elles ciblent l’enzyme β-(1,3)-D-glucane synthase, qui est essentielle à la production du β-(1,3)-D-glucane, un composant clé de la paroi cellulaire des champignons.
Sans cette paroi, la cellule fongique devient instable, ce qui entraîne une lyse (rupture) de la cellule et, finalement, la mort du champignon. Ce mécanisme est spécifique aux champignons, ce qui signifie que les échinocandines ont une toxicité relativement faible pour les cellules humaines, car celles-ci ne possèdent pas de paroi cellulaire.
Les échinocandines sont actives contre de nombreux Candida spp., y compris des souches résistantes au fluconazole, ainsi que contre Aspergillus spp. Cependant, elles ne sont pas efficaces contre certains autres champignons, comme Cryptococcus.
Les Différents Types d’Échinocandines
Caspofungine
La caspofungine est la première échinocandine à avoir été approuvée pour un usage clinique. Elle est utilisée principalement pour traiter la candidose invasive et comme traitement de deuxième intention pour l’aspergillose invasive chez les patients qui ne répondent pas aux traitements conventionnels.
Micafungine
La micafungine est une échinocandine utilisée principalement pour traiter les candidémies et pour la prophylaxie des infections fongiques chez les patients recevant une greffe de moelle osseuse. Elle est également efficace contre les infections à Candida spp.
Anidulafungine
L’anidulafungine est une autre échinocandine, utilisée pour traiter les candidoses systémiques et les infections intra-abdominales causées par Candida spp. Elle présente l’avantage de ne nécessiter aucune adaptation posologique en cas d’insuffisance hépatique, contrairement à d’autres antifongiques.
Utilisations Médicales des Échinocandines
Les échinocandines sont principalement administrées par voie intraveineuse en milieu hospitalier, en raison de la nature souvent grave des infections qu’elles traitent. Elles sont utilisées pour :
- Candidémie et Candidose Invasive : Les échinocandines sont souvent utilisées pour traiter des infections à Candida dans le sang ou d’autres organes internes. Elles sont particulièrement utiles pour les patients dont les infections sont résistantes aux triazoles, tels que le fluconazole.
- Aspergillose Invasive : Bien que les échinocandines ne soient pas le traitement de première ligne pour l’aspergillose invasive, elles peuvent être utilisées en association avec d’autres antifongiques, notamment l’amphotéricine B ou le voriconazole, chez les patients qui ne tolèrent pas ces traitements.
- Prophylaxie des Infections Fongiques : La micafungine est souvent utilisée en prophylaxie chez les patients immunodéprimés, tels que ceux ayant subi une greffe de moelle osseuse, afin de prévenir des infections fongiques potentiellement mortelles.
Avantages et Limitations des Échinocandines
Avantages
- Faible Toxicité : Les échinocandines ont une toxicité relativement faible par rapport à l’amphotéricine B, car elles ciblent des composants spécifiques de la paroi cellulaire des champignons, absents des cellules humaines.
- Efficacité contre Candida Résistant : Les échinocandines sont efficaces contre des souches de Candida qui sont résistantes aux triazoles, ce qui en fait un choix important dans les infections résistantes.
Limitations
- Administration Intraveineuse : Les échinocandines ne sont disponibles qu’en formulation intraveineuse, ce qui limite leur utilisation aux milieux hospitaliers et complique leur administration pour des traitements à long terme.
- Spectre Limité : Les échinocandines ne sont pas efficaces contre tous les champignons pathogènes, notamment les espèces de Cryptococcus, ce qui limite leur utilisation dans certaines infections fongiques.
Effets Secondaires et Précautions
Les échinocandines sont généralement bien tolérées, mais certains effets secondaires peuvent survenir :
- Troubles Gastro-intestinaux : Des nausées, des vomissements, et des diarrhées peuvent survenir, bien que ces effets soient généralement légers.
- Réactions au Site d’Injection : Des réactions locales au point d’injection, telles que des rougeurs ou des douleurs, sont possibles.
- Élévations des Enzymes Hépatiques : Une élévation des enzymes hépatiques a été observée chez certains patients traités par échinocandines, nécessitant une surveillance régulière de la fonction hépatique.
Perspectives d’Avenir et Développements
Les échinocandines représentent une avancée significative dans le traitement des infections fongiques invasives. Des recherches sont en cours pour développer de nouvelles formulations qui pourraient être administrées par voie orale, offrant ainsi une plus grande flexibilité d’utilisation. De plus, l’utilisation combinée des échinocandines avec d’autres antifongiques est étudiée pour traiter des infections réfractaires ou des souches résistantes.
Conclusion
Les échinocandines, ou fungines intraveineuses, sont des antifongiques essentiels pour le traitement des infections fongiques graves causées par Candida et Aspergillus. Leur mécanisme d’action ciblant la paroi cellulaire des champignons en fait une option efficace et relativement sûre, particulièrement en milieu hospitalier. Bien que limitées par leur spectre d’activité et leur administration intraveineuse, les échinocandines continuent de jouer un rôle crucial dans la prise en charge des patients immunodéprimés atteints d’infections fongiques invasives.
Sources :
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