Sélectionner une page

Sanofi vend une part majoritaire d’Opella : qu’est-ce que cela implique pour la santé grand public ?

par | 16 octobre 2024 | Actualité | 0 commentaires

Sanofi, le géant pharmaceutique français, a récemment annoncé une vente majeure qui suscite des interrogations sur l’avenir de la santé grand public en France. En effet, Sanofi a confirmé son entrée en négociations avec le fonds d’investissement américain CD & R pour la cession d’une participation majoritaire dans sa filiale Opella, une entité bien connue du public pour des produits phares comme Doliprane, Novanight, ou encore Maalox. Cette opération, estimée à 15 milliards d’euros, soulève des questions sur les implications pour la production et la distribution de ces médicaments, ainsi que sur la souveraineté sanitaire de la France.

Pourquoi cette vente ?

Sanofi explique cette décision par une stratégie de recentrage sur les médicaments innovants et les vaccins, laissant Opella se concentrer sur les soins de santé grand public. Cette volonté d’indépendance pour Opella est vue comme un moyen de favoriser la croissance de ses activités à l’international, tout en évitant que Sanofi ne se disperse entre ses différentes activités.

Cette stratégie de recentrage n’est pas nouvelle dans l’industrie pharmaceutique. Beaucoup de grands groupes, comme GSK ou Pfizer, ont choisi de se séparer de leurs divisions de santé grand public pour se concentrer sur la recherche et le développement de traitements innovants, souvent très coûteux et risqués mais avec un potentiel de profit élevé.

Quelles conséquences pour les consommateurs ?

L’une des principales inquiétudes soulevées par cette vente est la possible délocalisation de la production des médicaments bien connus du grand public. Opella, qui emploie près de 11 000 personnes et dispose de 13 usines de production, pourrait voir une partie de ses activités être déplacée vers des pays à moindres coûts de production, notamment en dehors de l’Europe. Cela pourrait potentiellement affecter la sécurité d’approvisionnement de produits de première nécessité comme le Doliprane.

Selon l’économiste de la santé Samira Guennif, la crise du Covid-19 a mis en évidence la dépendance de la France vis-à-vis de l’étranger pour de nombreux médicaments essentiels. La vente d’Opella à un acteur américain pourrait ainsi accroître ce risque, en particulier si le fonds d’investissement cherche à optimiser ses coûts en délocalisant une partie de la production.

Qui est CD & R ?

Le fonds d’investissement CD & R, ou Clayton, Dubilier & Rice, est l’un des plus anciens et des plus influents fonds d’investissement aux États-Unis. Ce choix de partenaire aurait été préféré à celui du fonds français PAI Partners, qui n’a pas pu bénéficier de l’appui financier de Bpifrance pour boucler la transaction. Pour les consommateurs, cette vente à un fonds américain peut être perçue comme une menace pour la souveraineté sanitaire de la France, si la gestion de la production venait à être dictée par des intérêts financiers plutôt que par la volonté de garantir l’accès aux médicaments.

Un effet sur l’innovation ?

En se débarrassant de sa division de santé grand public, Sanofi espère concentrer ses ressources sur le développement de nouveaux traitements innovants et sur la recherche vaccinale. L’idée est de pouvoir investir davantage dans des technologies de pointe, notamment en immunologie, oncologie et maladies rares, qui sont des secteurs très prometteurs mais aussi très coûteux. L’objectif est donc de maintenir une place de leader dans le domaine de la biotechnologie et des traitements à haute valeur ajoutée.

L’histoire du Doliprane

Le Doliprane est sans doute l’un des médicaments les plus emblématiques en France. Son principe actif, le paracétamol, a été découvert au XIXe siècle mais n’a commencé à être largement utilisé qu’à partir des années 1950. Initialement, il était destiné à remplacer l’aspirine pour les personnes souffrant de troubles gastriques. Aujourd’hui, le Doliprane est devenu un incontournable des armoires à pharmacie, symbolisant à lui seul l’accès aux soins de première nécessité.

Conclusion

La vente d’Opella par Sanofi à un fonds d’investissement américain est une opération qui s’inscrit dans la stratégie actuelle de l’industrie pharmaceutique, visant à concentrer les efforts sur des innovations coûteuses et porteuses de valeur ajoutée. Toutefois, les conséquences de cette vente sur la production des médicaments du quotidien et sur la souveraineté sanitaire de la France ne doivent pas être minimisées. Les consommateurs devront rester attentifs aux changements à venir.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *