Les colopathies fonctionnelles, aussi appelées syndrome de l’intestin irritable (SII), sont des troubles digestifs caractérisés par des douleurs abdominales, des ballonnements et des troubles du transit (constipation, diarrhée ou alternance des deux). Bien que non dangereuses, ces pathologies affectent profondément la qualité de vie des patients. Heureusement, différents traitements sont disponibles pour soulager les symptômes et améliorer le quotidien des personnes atteintes. Dans cet article, nous allons explorer les traitements des colopathies fonctionnelles, notamment les antispasmodiques atropiniques et non atropiniques, les charbons actifs, et d’autres pansements gastro-intestinaux.
Comprendre les Colopathies Fonctionnelles
Les colopathies fonctionnelles sont des troubles digestifs sans inflammation ni lésion visible de l’intestin. On pense que ces troubles sont liés à une interaction complexe entre le système nerveux, le système digestif et des facteurs environnementaux. Le stress, une alimentation inadaptée et un microbiote intestinal perturbé peuvent amplifier les symptômes de ces pathologies.
La prise en charge repose sur des modifications de l’hygiène de vie, mais également sur des traitements médicamenteux visant à atténuer les douleurs et améliorer le transit intestinal. Les médicaments utilisés sont souvent symptomatiques, c’est-à-dire qu’ils ne guérissent pas la maladie mais permettent de mieux vivre avec.
Les Antispasmodiques Atropiniques
Les antispasmodiques atropiniques sont des médicaments qui agissent en bloquant les récepteurs de l’acétylcholine, une molécule impliquée dans la contraction des muscles lisses intestinaux. En bloquant ces récepteurs, ces médicaments permettent de diminuer les contractions excessives du tube digestif, responsables des douleurs abdominales et des spasmes.
Parmi les médicaments antispasmodiques atropiniques, on retrouve des substances comme le bromure de butylhyoscine (Buscopan), souvent prescrite pour soulager les crampes intestinales. Cependant, ces médicaments peuvent présenter des effets secondaires comme la sécheresse buccale, la vision floue, ou encore la constipation, en raison de leur action sur d’autres récepteurs cholinergiques du corps.
L’efficacité des antispasmodiques atropiniques est souvent variable, en fonction de la sévérité des symptômes et de la tolérance individuelle aux effets secondaires. Ces traitements peuvent être utilisés lors des crises de douleur, mais leur utilisation à long terme est rarement recommandée.
Les Antispasmodiques Non Atropiniques
Les antispasmodiques non atropiniques sont une alternative aux antispasmodiques atropiniques pour les patients qui ne supportent pas bien les effets secondaires de ces derniers. Ces médicaments agissent directement sur les fibres musculaires lisses de l’intestin pour diminuer les spasmes et réduire les douleurs abdominales, sans affecter les autres fonctions du système nerveux autonome.
L’un des plus connus est le mébévérine (Duspatalin), qui agit spécifiquement sur les muscles intestinaux, ce qui le rend mieux toléré que les antispasmodiques atropiniques. Ces traitements sont souvent indiqués en cas de douleurs associées à des troubles du transit sans inflammation. Leur utilisation est considérée comme sûre et efficace pour soulager les symptômes aigus, tout en minimisant les effets secondaires.
Les Charbons Actifs
Les charbons actifs sont des substances adsorbantes qui agissent en piégeant les gaz produits par la fermentation intestinale, responsable des ballonnements. Ces charbons sont souvent préconisés pour réduire les flatulences et les sensations de ballonnements qui accompagnent fréquemment les colopathies fonctionnelles.
Le charbon actif est issu de la combustion de matières organiques, comme le bois, et est présenté sous forme de comprimés ou de gélules. Il est à noter que l’efficacité du charbon actif est variable d’une personne à l’autre, et qu’il doit être pris à distance des autres médicaments car il peut interagir avec eux et diminuer leur absorption.
En plus de son effet sur les gaz intestinaux, le charbon actif est parfois utilisé pour des intoxications alimentaires, en raison de sa capacité à adsorber les toxines. Toutefois, son usage pour les colopathies reste limité à des situations spécifiques, et il ne doit pas être considéré comme une solution à long terme.
Les Pansements Gastro-Intestinaux
Certaines argiles médicamenteuses sont utilisées comme pansements gastro-intestinaux pour protéger la muqueuse intestinale et réduire les symptômes d’irritation. Cependant, il est important de noter que plusieurs de ces produits sont classés parmi les ‘médicaments à écarter’ par la revue spécialisée Prescrire, en raison de leurs risques potentiels liés à la contamination par le plomb. Ces traitements incluent la diosmectite (Smecta), l’hydrotalcite (Rennieliquo), et la montmorillonite beidellitique (Bedelix). Le plomb est toxique pour le système nerveux, le système hématologique, ainsi que pour les reins et le système cardiovasculaire, et son exposition est particulièrement nocive en cas d’utilisation prolongée.
Ces pansements gastro-intestinaux peuvent modifier l’aspect des selles sans agir sur les pertes liquidiennes et le risque de déshydratation. Pour cette raison, ils ne sont pas recommandés en cas de diarrhée, car ils ne traitent pas la cause sous-jacente et peuvent masquer des symptômes plus graves.
En cas de reflux gastro-œsophagien non compliqué, d’autres médicaments ayant une balance bénéfices-risques plus favorable, tels que les antiacides sans argile (par exemple, l’association bicarbonate de sodium + alginate de sodium, Gaviscon), peuvent être utilisés en traitement de courte durée.
Ces pansements sont particulièrement utiles lorsque les patients souffrent de diarrhée ou d’inconfort abdominal. Ils aident à stabiliser la muqueuse intestinale et à atténuer les symptômes gastro-intestinaux liés aux colopathies. Toutefois, ils doivent être utilisés avec précaution pour éviter une constipation excessive.
Conclusion
Le traitement des colopathies fonctionnelles repose sur une prise en charge personnalisée qui combine souvent des modifications de l’hygiène de vie et des traitements médicamenteux. Les antispasmodiques atropiniques et non atropiniques, les charbons actifs, et les pansements gastro-intestinaux sont des options qui permettent de soulager les douleurs et l’inconfort liés à cette pathologie.
Il est important de se rappeler que chaque patient réagit différemment aux traitements et qu’une approche individualisée est essentielle pour trouver la meilleure solution thérapeutique. Une prise en charge multidisciplinaire avec des conseils diététiques et un suivi médical permet de mieux vivre avec les colopathies fonctionnelles et d’améliorer la qualité de vie des patients.
En plus des traitements médicamenteux, il est conseillé de prendre des mesures pour réduire le stress, maintenir une alimentation équilibrée, et pratiquer une activité physique régulière, autant de facteurs pouvant atténuer les symptômes et améliorer le bien-être général.
Cet article vise à expliquer le fonctionnement des traitements des colopathies fonctionnelles sans se substituer à l’avis d’un médecin. Consultez toujours un professionnel de santé avant de commencer un traitement.
Sources
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