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Le glaucome : Comprendre la maladie et ses traitements

par | 26 mars 2025 | Médicaments, Médicaments par Spécialités, Ophtalmologie | 0 commentaires

Introduction

Le glaucome est une maladie chronique et dégénérative qui touche le nerf optique et représente l’une des principales causes de cécité irréversible dans le monde. Il se caractérise par une augmentation de la pression intraoculaire (PIO), un élément clé dans la dégradation progressive des cellules ganglionnaires de la rétine. Toutefois, la pression élevée n’est pas toujours présente et d’autres mécanismes, comme une insuffisance de la circulation sanguine du nerf optique, un stress oxydatif ou des anomalies métaboliques, peuvent être impliqués.

La prise en charge du glaucome repose sur des stratégies thérapeutiques visant à ralentir son évolution en réduisant la pression intraoculaire. Cela inclut des collyres, des traitements administrés par voie orale et, dans certains cas, des interventions laser ou chirurgicales. Cependant, malgré ces approches, le glaucome demeure une pathologie incurable à ce jour, ce qui souligne l’importance d’un diagnostic précoce et d’un suivi rigoureux.


Origine et mécanismes du glaucome

Il existe plusieurs types de glaucome, mais les deux formes les plus fréquentes sont :

  • Le glaucome à angle ouvert, qui représente environ 90 % des cas. Il se développe lentement en raison d’une diminution progressive de l’évacuation de l’humeur aqueuse, entraînant une élévation progressive de la pression intraoculaire.
  • Le glaucome à angle fermé, plus rare mais plus agressif, survient lorsque l’angle de drainage de l’œil se ferme brutalement, provoquant une augmentation soudaine et dangereuse de la pression intraoculaire. Il s’agit d’une urgence ophtalmologique.

La pression intraoculaire résulte d’un équilibre entre la production et l’élimination de l’humeur aqueuse, un liquide essentiel au maintien de la pression et des nutriments au sein de l’œil. Lorsque cet équilibre est rompu, la pression augmente et comprime le nerf optique. Cette compression entraîne des lésions des fibres nerveuses, entraînant une réduction progressive du champ visuel, souvent asymptomatique dans les premiers stades.


Les collyres : traitement de première ligne

Les collyres sont le traitement de première intention pour le glaucome, visant à diminuer la pression intraoculaire par différents mécanismes : soit en réduisant la production d’humeur aqueuse, soit en facilitant son drainage. Ils doivent être administrés régulièrement et à long terme pour éviter la progression des lésions.

1. Les bêta-bloquants (timolol, bétaxolol)

Ces médicaments diminuent la production d’humeur aqueuse en inhibant l’activité des récepteurs bêta-adrénergiques du corps ciliaire. Leur efficacité est bien démontrée, avec une réduction de la PIO de 20 à 30 %. Cependant, ils peuvent entraîner des effets secondaires systémiques, notamment une bradycardie, une hypotension et un risque accru de bronchospasme chez les asthmatiques.

2. Les analogues des prostaglandines (latanoprost, bimatoprost, travoprost)

Ces agents augmentent l’élimination de l’humeur aqueuse en facilitant son drainage par la voie uvéosclérale. Ils sont généralement bien tolérés et permettent une réduction efficace de la PIO. Cependant, des effets secondaires locaux comme une hyperpigmentation de l’iris, une augmentation de la densité des cils et des irritations oculaires peuvent apparaître.

3. Les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (dorzolamide, brinzolamide)

En bloquant l’anhydrase carbonique, une enzyme impliquée dans la production d’humeur aqueuse, ces collyres diminuent la PIO. Ils sont souvent associés à d’autres collyres pour améliorer l’effet hypotenseur.

4. Les agonistes alpha-2 adrénergiques (brimonidine, apraclonidine)

Ces agents combinent une diminution de la production d’humeur aqueuse et une augmentation de son drainage. Ils peuvent entraîner une sécheresse oculaire et une sédation légère.

5. Les cholinergiques (pilocarpine)

Ces collyres favorisent l’évacuation de l’humeur aqueuse en contractant le muscle ciliaire. Cependant, leur utilisation est limitée par des effets secondaires tels qu’une vision floue et des céphalées.


Traitements par voie orale

Lorsque les collyres ne suffisent pas à contrôler la PIO, un traitement oral peut être ajouté.

1. Les inhibiteurs de l’anhydrase carbonique (acétazolamide, méthazolamide)

Ces médicaments réduisent la production d’humeur aqueuse, mais leurs effets secondaires incluent des troubles gastro-intestinaux, des fourmillements et une fatigue accrue.

2. Les neuroprotecteurs

Des agents comme la citicoline et l’acide alpha-lipoïque sont en cours d’évaluation pour leur potentiel à protéger le nerf optique du stress oxydatif. Leur efficacité clinique reste toutefois à démontrer.


Autres approches et perspectives

Face aux limitations des traitements médicamenteux, des techniques alternatives sont envisagées.

1. Le laser (trabéculoplastie, iridotomie, cyclophotocoagulation)

Le traitement au laser peut améliorer le drainage de l’humeur aqueuse. Il est souvent utilisé en complément des collyres, mais son efficacité peut diminuer avec le temps.

2. La chirurgie (trabéculectomie, implants de drainage)

Lorsque les autres traitements échouent, une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour créer un nouveau canal d’évacuation de l’humeur aqueuse. Bien que souvent efficace, elle comporte des risques tels qu’une infection ou une inflammation persistante.

3. Thérapies émergentes

Des recherches portent sur des approches innovantes telles que la thérapie génique et les implants de délivrance prolongée de médicaments, qui pourraient révolutionner la prise en charge du glaucome.


Conclusion

Le glaucome est une maladie évolutive qui peut mener à une perte de vision irréversible en l’absence de traitement adapté. Bien que les collyres restent la première ligne de défense, leur efficacité repose sur une utilisation rigoureuse et continue. En cas d’échec, des traitements per os et des interventions laser ou chirurgicales peuvent être envisagés.

L’absence de traitements permettant de régénérer les fibres optiques détruites souligne l’importance du dépistage précoce et du suivi régulier. Les perspectives de recherche, notamment dans le domaine des neuroprotecteurs et des thérapies innovantes, ouvrent la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques qui pourraient, à terme, améliorer la prise en charge du glaucome et prévenir la cécité.


Sources

Sokolovskaya, T. V., Usanova, G., & Krasnova, E. (2024). The effectiveness of combined laser treatment technology in patients with glaucoma. Laser Medicine.colab.ws

Conclusion : L’utilisation combinée de la technologie laser YAG et du laser micro-impulsion transscléral est une méthode efficace et sûre pour réduire la pression intraoculaire chez les patients atteints de glaucome.​

Gazzard, G., Konstantakopoulou, E., Garway-Heath, D., et al. (2019). Selective laser trabeculoplasty versus drops for newly diagnosed ocular hypertension and glaucoma: the LiGHT RCT. Health Technology Assessment.pubmed.ncbi.nlm.nih.gov

Conclusion : La trabéculoplastie laser sélective (SLT) a montré un meilleur contrôle de la pression intraoculaire et une meilleure rentabilité que les collyres pour les patients nouvellement diagnostiqués.​

Rajanala, A. P., Prager, A. J., Park, M. S., & Tanna, A. (2022). Association of the Effectiveness of Eye Drop Self-instillation and Glaucoma Progression. Journal of Glaucoma.

Conclusion : Les patients ayant des difficultés à administrer correctement leurs collyres ont un risque accru de progression du glaucome ou de recours à une chirurgie avancée.​

Kerr, N. (2022). The changing glaucoma treatment paradigm. Clinical & Experimental Ophthalmology.

Conclusion : L’utilisation accrue du laser et des nouvelles techniques chirurgicales minimalement invasives modifie progressivement la stratégie thérapeutique du glaucome.​

Lusthaus, J. A., & Goldberg, I. (2019). Current management of glaucoma. Medical Journal of Australia.

Conclusion : La baisse de la pression intraoculaire reste le traitement de référence du glaucome, avec une avancée dans l’utilisation des nouvelles classes de collyres et des dispositifs de délivrance prolongée.

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