Sélectionner une page

Psychoses : mieux comprendre les troubles et les traitements associés

par | 06 juin 2025 | Médicaments, Médicaments par Spécialités, Psychiatrie | 0 commentaires

Introduction

La psychose est un trouble complexe du fonctionnement mental dans lequel une personne perd le contact avec la réalité. Cela peut se manifester de multiples façons : entendre des voix qui n’existent pas, avoir des idées fausses mais très convaincantes (comme penser que l’on est poursuivi), avoir une pensée confuse, ou agir de façon inhabituelle. Ces symptômes peuvent être très perturbants pour la personne concernée et pour son entourage. Contrairement aux idées reçues, la psychose n’est pas un signe de « folie » ou de violence. C’est un trouble qui mérite compréhension, accompagnement et soins.

Les psychoses ne sont pas des maladies uniques, mais des manifestations qui peuvent apparaître dans plusieurs troubles psychiatriques, comme la schizophrénie, les troubles bipolaires, la dépression sévère, ou même dans certaines formes temporaires de souffrance psychologique très intense. Certaines personnes vivent un épisode psychotique unique, d’autres ont besoin d’un suivi tout au long de leur vie.

Dans cet article, nous allons expliquer, comment se manifeste une psychose, d’où elle peut venir, et surtout comment on peut la traiter efficacement. Les médicaments comme les antipsychotiques, le lithium ou certains antiépileptiques jouent un rôle important, mais ils ne font pas tout. Il faut aussi parler de suivi psychologique, de soutien social et de lutte contre les préjugés.

Qu’est-ce qu’une psychose ?

Une psychose est une modification du fonctionnement du cerveau qui fait que la personne a du mal à distinguer ce qui est réel de ce qui ne l’est pas. Elle peut entendre ou voir des choses que personne d’autre ne perçoit (hallucinations), ou croire à des choses fausses mais très convaincantes pour elle (délires). Sa façon de penser, de parler ou d’agir peut sembler étrange aux autres.

Il existe plusieurs types de psychoses. Certaines apparaissent brutalement (bouffée délirante aiguë), d’autres s’installent lentement, comme dans la schizophrénie. D’autres encore sont liées à un trouble de l’humeur, comme dans les troubles bipolaires, où la personne peut avoir des épisodes d’euphorie extrême (manie) ou de grande tristesse (dépression), parfois accompagnés de symptômes psychotiques.

Les causes de la psychose sont variées :

  • Des facteurs biologiques : un déséquilibre dans les substances chimiques du cerveau, en particulier la dopamine, mais aussi d’autres messagers comme le glutamate.
  • Des facteurs génétiques : il existe une prédisposition familiale, sans qu’un gène unique ne soit responsable.
  • Des facteurs environnementaux : stress intense, isolement, traumatismes, ou consommation de drogues (notamment le cannabis) peuvent déclencher ou aggraver une psychose.

Quels sont les traitements disponibles ?

Le traitement d’une psychose ne se limite pas à la prise de médicaments. Il s’agit d’un ensemble de soins, qui visent à soulager les symptômes, à prévenir les rechutes, et à améliorer la qualité de vie. C’est un travail d’équipe, entre la personne, les professionnels de santé, la famille et parfois d’autres services (social, éducatif…).

Les antipsychotiques : le traitement de base

Les antipsychotiques sont des médicaments qui agissent sur certains circuits du cerveau, en particulier ceux liés à la dopamine. En modifiant cette activité, ils permettent de réduire les hallucinations, les idées délirantes, et d’apaiser la pensée et le comportement. Ils ne « guérissent » pas la psychose, mais ils aident à stabiliser la personne.

Il existe deux grandes familles :

  • Les anciens (ou typiques), comme l’halopéridol : efficaces, mais parfois mal tolérés (tremblements, raideur, fatigue).
  • Les plus récents (ou atypiques), comme la rispéridone, l’aripiprazole ou l’olanzapine : souvent mieux tolérés, mais ils peuvent aussi entraîner une prise de poids, des troubles métaboliques ou une somnolence.

Chaque personne réagit différemment. Le bon médicament est celui qui soulage les symptômes sans causer trop d’effets secondaires. Parfois, il faut du temps pour trouver le bon équilibre.

Le lithium : stabiliser l’humeur et prévenir les rechutes

Le lithium est utilisé depuis longtemps dans les troubles bipolaires. Il permet de réguler l’humeur, c’est-à-dire de réduire les phases de manie (excitation excessive) et de dépression, mais aussi d’éviter les rechutes. Chez certaines personnes, il peut aussi limiter les épisodes psychotiques liés à ces troubles.

C’est un traitement efficace, mais délicat. Il faut faire régulièrement des prises de sang pour vérifier que le taux de lithium dans le sang reste dans une zone efficace et non toxique. En cas de surdosage, des troubles graves peuvent apparaître (troubles du rein, tremblements, troubles cognitifs).

Les antiépileptiques : une autre voie pour stabiliser le cerveau

Certains médicaments utilisés contre l’épilepsie, comme la lamotrigine ou le valproate, sont aussi prescrits en psychiatrie, surtout dans les troubles de l’humeur. Ils permettent de réduire l’instabilité électrique du cerveau et de calmer les excès d’activité mentale.

Ils sont souvent utilisés en complément des antipsychotiques ou du lithium. Comme tout médicament, ils peuvent avoir des effets secondaires (fatigue, troubles digestifs, réactions cutanées) qui doivent être surveillés.

Et au-delà des médicaments ?

Les médicaments sont importants, mais ne suffisent pas à eux seuls. La psychose est une expérience difficile, qui peut bouleverser toute la vie de la personne. Il faut donc un accompagnement global, qui passe par :

  • Une psychothérapie adaptée, qui aide à mieux comprendre ce qui s’est passé, à gérer les émotions, à reprendre confiance en soi.
  • Un soutien pour la vie quotidienne : aide pour le logement, la gestion des papiers, les relations sociales.
  • Des soins coordonnés dans la durée, pour prévenir les rechutes et éviter les hospitalisations.
  • L’implication de la famille, qui peut jouer un rôle précieux si elle est bien informée et soutenue.

Aujourd’hui, on sait que plus la prise en charge est précoce et personnalisée, meilleurs sont les résultats. De nombreuses personnes ayant connu un épisode psychotique retrouvent une vie stable, un emploi, des relations sociales, une autonomie. La clé, c’est d’agir tôt, de manière bienveillante et sans jugement.

Conclusion

La psychose n’est pas une fatalité. Grâce aux avancées de la médecine et à une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau, les traitements sont plus efficaces et mieux tolérés qu’autrefois. Les antipsychotiques, le lithium, les antiépileptiques ont tous leur place, selon les besoins de chaque personne. Mais ces médicaments ne font sens que s’ils sont accompagnés d’un suivi psychologique, d’un cadre de vie stable, et d’un soutien humain.

Mieux comprendre la psychose, c’est aussi lutter contre les préjugés. Les personnes qui en souffrent ont besoin de soins, pas de peur ou de rejet. En les accompagnant avec respect et patience, on leur donne la possibilité de retrouver leur place dans la société, et de vivre une vie digne, comme tout un chacun.

Sources

Cookson, J. (2001). Use of antipsychotic drugs and lithium in mania. British Journal of Psychiatry, 178(s41), s148–s156.

Vincenzi, B., Greene, C., Ulloa, M., Jackson, J., & Henderson, D. (2016). Lithium or Valproate Adjunctive Therapy to Second-generation Antipsychotics and Metabolic Variables in Patients With Schizophrenia or Schizoaffective Disorder. Journal of Psychiatric Practice, 22(3), 175–182.

Kang, M., Qian, H., Keramatian, K., Chakrabarty, T., Saraf, G., Lam, R., Wong, H., & Yatham, L. (2019). Lithium vs valproate in the maintenance treatment of bipolar I disorder: A post-hoc analysis. Australian & New Zealand Journal of Psychiatry, 54(3), 298–307.

Hayes, J., Marston, L., Walters, K., Geddes, J., King, M., & Osborn, D. (2016). Lithium vs. valproate vs. olanzapine vs. quetiapine as maintenance monotherapy for bipolar disorder. World Psychiatry, 15, Article not paginated.

Fountoulakis, K. N., Kasper, S., Andreassen, O. A., Blier, P., Okasha, A., Severus, E., Versiani, M., Tandon, R., Möller, H. J., & Vieta, E. (2012). Efficacy of pharmacotherapy in bipolar disorder: a report by the WPA section on pharmacopsychiatry. European Archives of Psychiatry and Clinical Neuroscience, 262(1), 1–48.

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *